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LES HOOUARA.

aussi de Tolède. Citons encore les Beni-Rezîn, seigneurs d’Es-Sehla[1].

En l’an 196 (811-2), les Hoouara se révoltèrent contre Ibrahîm-Ibn-el-Aghleb, et conduits par Eïad-Ibn-Ouehb, un de leurs chefs, ils mirent le siége devant la ville de Tripoli, l’emportèrent d’assaut et la ruinèrent de fond en comble. Abou-’l-Abbas, fils d’Ibrahîm, marcha contre eux, d’après l’ordre de son père, et les ayant défaits dans une bataille sanglante, il releva la ville de ses ruines. Abd-el-Ouehhab-Ibn-Rostem, seigneur de Tèhert, courut alors au secours des Hoouara qui avaient invoqué son appui, et les rallia sous ses drapeaux ainsi que plusieurs fractions de la tribu de Nefouça. Il mit alors le siége devant Tripoli et y tint Abou-’l-Abbas étroitement bloqué. Sur ces entrefaites, Ibrahîm-Ibn-el-Aghleb mourut à Cairouan, et Abou-’l-Abbas, qu’il avait déjà désigné comme successeur du trône, décida Abd-el-Ouehhab à se retirer dans le pays des Nefouça après avoir acheté la paix en cédant aux assiégeants les campagnes de la province de Tripoli.

Plus tard, les Hoouara devinrent les alliés de l’empire et prirent part à la conquête de la Sicile. Zouaoua-Ibn-Néam-el-Half, un de leurs chefs, assista à ce triomphe des armées musulmanes. A une époque encore plus récente ils déployèrent une grande audace pendant la révolte d’Abou-Yezîd, le nekkarien, dont ils avaient embrassé la cause aussitôt qu’il se fut rendu maître du Mont-Auras et de Mermadjenna, localités qu’ils habitaient alors. Pendant cette guerre les Hoouara, et les Beni-Kemlan surtout, commirent des forfaits épouvantables. Après la mort d’Abou-Yezîd, Ismaîl-el-Mansour envahit leur pays à l’improviste et châtia les Beni-Kemlan si rudement, que depuis lors on n’a plus entendu parler d’eux. A partir de cette défaite, les Hoouara eurent à supporter la domination de toutes les dynasties qui se

  1. Es-Sehla (la plaine) fut le nom d’un territoire très-considérable appelé maintenant corregimiento de Albarracin, et dont la capitale était Santa-Maria de Albarracin (Ibn-Rezîn). — Voyez le Makkari de M. de Gayangos, vol. i, page 378. On trouvera dans ce savant et utile ouvrage des renseignements sur les Beni-Rezîn.