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HISTOIRE DES BERBÈRES.

reconnaissait pour chefs les descendants d’Abou-Bacel, fils d’Abou-’d-Dahhak, fils d’Abou-Izzoul. Ce furent eux qui fondèrent la ville de Guercîf et le ribat de Téza. Depuis la première invasion des Musulmans ils continuèrent à fréquenter les mêmes localités, et dans le troisième siècle de l’hégire ils eurent pour chefs Messala, fils de Habbous, et Mouça, fils d’Abou-’l-Afïa et petit-fils d’Abou-Bacel. Sous le gouvernement de Messala, leur puissance accrut à un tel point qu’ils soumirent toutes les peuplades berbères du territoire situé entre Téza et Lokaï ; ils soutinrent même plusieurs guerres contre les Idrîcides, princes du Maghreb. Les victoires qu’ils remportèrent sur cette dynastie, qui était alors en pleine décadence, les rendirent maîtres d’une grande partie des plaines de ce pays.

Quand Obeid-Allah le fatemide étendit sa domination sur le Maghreb, ils le secondèrent en partisans dévoués ; aussi, Messala-Ibn-Habbous étant devenu un des principaux généraux de ce monarque, obtint pour lui-même le gouvernement de Tèhert et du Maghreb central. En l’an 305 (917-8), Messala envahit le Maghreb-el-Acsa, s’empara de Fez, occupa Sidjilmessa et força Yahya-Ibn-Idrîs à reconnaître la souveraineté d’Obeid-Allah. Ayant alors laissé ce prince à Fez en qualité d’émir, il concéda les autres villes du Maghreb et les plaines de cette contrée à son propre cousin, Mouça-Ibn-Abi-’l-Afïa qui, en sa qualité d’émir des Miknaça, gouvernait déjà, depuis quelque temps, Teçoul, Téza et Guercîf.

Après le retour de Messala à Cairouan, Yahya-Ibn-Idrîs commença des hostilités contre Mouça-Ibn-Abi-’l-Afïa, pour le châtier d’avoir aidé le général fatemide à renverser la puissance des Idrîcides. En l’an 309 (921), Messala rentra en Maghreb à la tête d’une armée, et cédant aux instances d’Ibn-Abi-’l-Afïa, il marcha contre Yahya et l’expulsa de Fez après l’avoir forcé à racheter sa liberté au prix de tous ses trésors. L’émir déposé se réfugia auprès de ses cousins, les princes de Basra et du Rîf.

Alors Messala installa Rîhan le ketamien dans le gouvernement de Fez, et s’en retourna à Cairouan où il mourut.