Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
LES BENI-MIDRAR. — MIKNAÇA.

envers les habitants de la ville et les membres de sa propre tribu amena sa déposition : on le déporta dans le Derâ et Midrar fut rétabli sur le trône. L’affection que Midrar continua à ressentir pour ce fils ingrat lui inspira l’idée de le faire rentrer au pouvoir, mais le peuple déjoua ce projet en déposant leur souverain et rappelant Meimoun, fils d’Eltéki. Ce prince portait le surnom d’El-Emîr[1]. En l’an 253 (867), à la suite de ces événements, Midrar mourut et termina ainsi un règne de quarante-cinq ans. Meimoun, son fils et successeur, mourut en 263 (876-7). Son fils Mohammed, partisan dévoué de la doctrine eibadite, lui succéda et mourut en 270 (883-4). Elîçâ, fils d’El-Montacer [Midrar], le remplaça. Ce fut sous le règne d’Elîçâ qu’Obeid-Allah, le fatemide, accompagné de son fils, Abou-’l-Cacem, arriva à Sidjilmessa. Elîçâ ayant été prévenu d’avance par El-Motaded [le khalife abbacide], eut quelques soupçons du véritable caractère des deux voyageurs, et comme il était tout dévoué à la cour de Baghdad, il les fit incarcérer. Abou-Abd-Allah le chîite, qui venait d’occuper Raccada et renverser la dynastie aghlebide, se mit en marche afin de délivrer les prisonniers. Elîçâ sortit à la tête des Miknaça pour le repousser ; mais il essuya une défaite, et perdit la vie après qu’Abou-Abd-Allah eut emporté d’assaut la ville de Sidjilmessa. Ceci se passa en l’an 296 (908-9). Le vainqueur se fit aussitôt amener Obeid-Allah et son fils afin de leur prêter le serment de fidélité. Obeid-Allah ayant ainsi recouvré la liberté, prit le titre d’El-Mehdi (le bien dirigé), et repartit pour l’Ifrîkïa après avoir confié le gouvernement de la ville conquise à Ibrahîm-Ibn-Ghaleb-el-Mezati, personnage éminent de la tribu de Ketama.

Deux années plus tard, le peuple de Sidjilmessa se souleva contre son gouverneur Ibrahîm, et l’ayant tué ainsi que les autres fonctionnaires ketamiens, il proclama la souveraineté d’El-Feth, petit-fils de Midrar. El-Feth, surnommé Ouaçoul, était fils de Meimoun, fils d’Eltéki, et professait la religion eibadite. Il mourut vers la fin du troisième siècle, peu de temps après son

  1. Variante : El-Amîn (le sûr, le fidèle).