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BENI-OUAÇOUL. — MIKNAÇA.

de certains Arabes qui, s’étant réfugiés dans le Maghreb[1], devinrent leurs directeurs spirituels et temporels. Les néophytes berbères se précipitèrent alors sur les contrées voisines et secondèrent Meicera dans la révolte qui bouleversa le Maghreb. Une quarantaine de leurs chefs qui venaient d’embrasser le sofrisme, s’accordèrent à répudier l’autorité du khalife légitime, se placèrent aux ordres d’Eïça-Ibn-Yezîd-el-Asoued, personnage très-considéré parmi les Kharedjites, et fondèrent la ville de Sidjilmessa, vers l’an 140 (757-8). Le père d’Eïça avait été converti à l’Islamisme par les Arabes[2]. Tous les Miknaça de cette contrée s’empressèrent d’adopter les croyances de leurs chefs.

La conduite de l’émir Eïça causa enfin un tel mécontentement, qu’en l’an 155 (772), son peuple le lia bras et jambes et le laissa exposé sur la cîme d’une montagne jusqu’à ce qu’il mourut. Alors les Miknaça se rallièrent autour de leur chef naturel, Abou-’l-Cacem-Semgou-Ibn-Ouaçoul-Ibn-Maslan-Ibn-Abi-Izzoul. Le père de Semgou était fort savant dans la loi, ayant fait le voyage de Médine où il rencontra plusieurs Tabês[3], et où il étudia sous Ikrima, l’affranchi d’Abou-’l-Abbas[4]. Arîb-Ibn-Homeid[5] parle de lui dans son histoire. Semgou possédait de nombreux troupeaux. Ce fut lui qui, le premier, prêta le serment de fidélité à

  1. Voyez ci-devant, page 203, note.
  2. Le texte porte Moula-’l-Arab (client des Arabes). — Voyez ci-devant, p. 238, note 1.
  3. Voyez note, p. 202.
  4. Voyez page 203, note 2.
  5. L’auteur de l’histoire du Maghreb intitulée El-Baïan-el-Moghrib, etc, cite assez souvent l’abrégement des annales de Taberi par Arîb-Ibn-Hamîd, ou Homeid. Dans un manuscrit du Silat, dictionnaire biographique d’Ibn-Bachkoual, on lit qu’Arîb-Ibn-Mohammed, historien, natif d’Espagne, mourut en 490 de l’hégire (1097). Comme ce manuscrit est rempli de fautes de copiste, je suis très-porté à croire que pour Mohammed il faut lire Hamîd : dans l’écriture maghrébine ces deux noms peuvent se confondre très-facilement. — Quoi qu’il en soit, les passages cités dans le Baïan et dans l’histoire des Berbères prouvent, ainsi que M. Dozy l’a déjà fait observer, qu’Arîb n’est rien moins qu’un simple abréviateur ; il fournit beaucoup de renseignements qu’on chercherait inutilement dans le grand ouvrage de Taberi.