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HISTOIRE DES BERBÈRES.

Selon les généalogistes berbères, les Zouaoua se partagent en plusieurs branches telles que les Medjesta, les Melîkich, les Beni-Koufi, les Mecheddala, les Beni-Zerîcof, les Beni-Gouzît, les Keresfina, les Ouzeldja, les Moudja, les Zeglaoua et les Beni-Merana.[1] Quelques personnes disent, et peut-être avec raison, que les Melîkich appartiennent à la race des Sanhadja.

De nos jours, les tribus zoaviennes les plus marquantes sont les Beni-Idjer, les Beni-Manguellat, les Beni-Itroun[2], les Beni-Yanni[3], les Beni-bou-Ghardan, les Beni-Itourgh, les Beni-Bou-Youçof, les Beni-Chaîb, les Beni-Eïci, les Beni-Sadca, les Beni-Ghobrîn et les Beni-Guechtola.

Le territoire des Zouaoua est situé dans la province de Bougie et sépare le pays des Ketama de celui des Sanhadja. Ils habitent au milieu des précipices formés par des montagnes tellement élevées que la vue en est éblouie, et tellement boisées qu’un voyageur ne saurait y trouver son chemin. C’est ainsi que les Beni-Ghobrin habitent le Zîri, montagne appelée aussi Djebel-ez-Zan, à cause de la grande quantité de chênes-zan dont elle est couverte, et que les Beni-Feraoucen et les Beni-Iraten occupent celle qui est située entre Bougie et Tedellis. Cette dernière montagne est une de leurs retraites les plus difficiles à aborder et les plus faciles à défendre ; de là, ils bravent la puissance du gouvernement [de Bougie], et ils ne paient l’impôt qu’autant que cela leur convient. De nos jours ils se tiennent sur cette cime élevée et défient les forces du sultan, bien qu’ils en reconnaissent cependant l’autorité. Leur nom est même inscrit sur les registres de l’administration comme tribu soumise à l’impôt (kharadj).

Sous la dynastie sanhadjienne [des Zîrides], ce peuple tenait un rang très-distingué, tant en temps de guerre, que pendant les intervalles de paix. Il avait mérité cet honneur en se montrant l’allié fidèle de la tribu de Ketama depuis le commencement de l’empire fatemide. Badîs, fils d’El-Mansour, ôta la vie à leur

  1. Il est probable que la plupart de ces noms sont altérés.
  2. Variante : Letrouz.
  3. Variantes : Mani, Babi. La bonne leçon est Yanni.