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LES MATMATA — BENI-FATEN.

tagne du pays de Tèbert. Devenus très-puissants vers la fin de ła dynastie sanhadjite, ils prirent une part active à la guerre qui éclata entre Hammad-Ibn-Bologguin et Badis-Ibn-el-Mansour. À cette époque ils eurent pour chef Azana[1], émir qui se signala dans plusieurs batailles et rencontres avec les Oudjedîdjen, les Louata et les autres tribus du voisinage. Ziri, fils d’Azana, prit le commandement des Matmata lors de la mort de son père ; mais bientôt après, il fut vaincu par les Sanhadja et passa en Espagne. Le vizir El-Mansour-Ibn-Abi-Amer, auprès duquel il se rendit, l’accueillit avec empressement et l’inscrivit sur la liste des émirs berbères qu’il avait admis à son service et dont l’appui lui était si utile. Ziri devint un des officiers les plus distingués de ce corps et parvint à jouir du plus haut crédit auprès de son maître. À la mort d’El-Mansour, ses fils El-Modaffer et Abd-er-Rahman continuèrent à traiter Ziri avec la même faveur qu’auparavant ; ils l’élevèrent en grade et l’admirent dans leur société intime. Lors de la révolte de Mohammed-Ibn-Hicham-Ibn-Abd-el-Djebbar, Ziri et tous les autres émirs et officiers berbères étaient absents ; ayant accompagné Abou-Amer [Abd-er-Rahman] dans son expédition contre En-Noman[2]. Ayant alors reconnu l’incapacité de leur chef et la mauvaise tournure que prenaient les affaires, ils passèrent tous du côté de Mohammed-Ibn-Hicham [devenu maintenant khalife sous le titre d’] El-Mehdi, et ils restèrent à son service jusqu’à la grande révolte des Berbères en Espagne. J’ignore l’année de la mort de Ziri.

Un autre grand personnage de la tribu des Matmata qui passa en Espagne fut Kehlan-Ibn-Abi-Loua-Ibn-Islasen. Il se rendit auprès d’En-Nacer [premier souverain de la dynastie hammou-

  1. L’orthographe de ce nom varie dans les mss.
  2. Abd-er-Rahman, fils du célèbre vizir El-Mansour, avait décidé le faible khalife Hicham-el-Mowaïed à le nommer son successeur par un acte solennel dont El-Makkari nous a conservé la copie. Mohammed-Ibn-Hicham-Ibn-Abd-el-Djebbar, membre de la famille royale, fut tellement indigné de ce mauvais choix qu’il organisa une conspiration, s’empara de Cordoue et monta sur le trône après avoir fait mourir Abd-er-Rahman. Cela se passa en 399 (1009).