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LES LEMAÏA — BENI-FATEN.

l’est, en remontant graduellement vers le nord. Le dernier de ces villages est situé à une journée au midi du Mont-Rached, dans cette partie du Désert que les Beni-Amer, tribu zoghbienne, parcourent avec leurs troupeaux. Ceux-ci en ont fait une espèce d’entrepôt ; ils y laissent leurs bagages et trouvent encore dans sa possession bien d’autres avantages. On a donné à ce village le nom de Beni-Amer.

À l’Orient des bourgades dont nous venons de parler, et à cinq journées de distance, se trouve un petit château (coléïa) situé bien avant dans le Désert et appelé le Coléïâ de Ouallen. Il sert de résidence à une peuplade matgharienne, et comme c’est un des lieux les plus rapprochés du pays habité par les porteurs du litham, on y voit arriver des bandes de ces nomades dans les années où l’intensité de la chaleur les chasse de leurs déserts. Alors, sur les plateaux à l’entour de ce château, ils jouissent d’un air plus tempéré.

On rencontre aussi des membres de la tribu des Matghara dispersés dans tous les districts du Maghreb central et dans les régions de l’Ifrîkïa.

Les Lemaïa, branche de la famille de Faten-Ibn-Temzît, sont frères des Matghara. Ils formaient plusieurs ramifications au nombre desquelles Sabec et les généalogistes de son école comptent les Beni-Zekoufa, les Mezîza, les Melîza et les Beni-Mednîn. Ils parcouraient en nomades les provinces de l’Ifrîkïa et du Maghreb, mais la grande majorité de leurs tribus habitait cette partie du Maghreb central qui avoisine le Désert.

Quand la doctrine kharedjite se répandit parmi les Berbères, les Lemaïa adoptèrent les croyances des Eibadites. Cet exemple fut imité par leurs voisins, les Louata et les Hoouara établis dans le Seressou, au sud-est de Mindas, ainsi que par les Zouagha, tribu qui demeurait à l’occident de ceux-ci. Les Matmata, les Miknaça et les Zenata établis au nord-est de cette localité, avaient aussi adopté les croyances des Eibadites.

Abd-er-Rahman-Ibn-Rostem, un des musulmans qui assistèrent à la conquête de l’Ifrîkïa, était fils de ce Rostem qui commandait l’armée persanne à la bataille de Cadicïa. Entré