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de Sokoun[1] la conduite d’une nouvelle expédition contre ce pays.

Ce fut en l’an 45 (665) que ce général quitta l’Égypte pour aller à la conquête de l’Ifrîkïa. Dans l’espoir de repousser cette invasion, le roi des Roum fit partir de Constantinople une flotte chargée de troupes. Cette tentative fut inutile : son armée essuya une défaite totale dans la province maritime d’Edjem, en se mesurant avec les Arabes, et la ville de Djeloula fut assiégée et prise par les vainqueurs. Quand Ibn-Hodeidj fut de retour au Caire, Moaouïa-Ibn-Abi-Sofyan nomma Ocba, fils de Nafè, gouverneur de l’Ifrikïa. Ce fut Ocba qui fonda la ville de Cairouan.

Les Francs, dont la discorde avait affaibli la puissance, se réfugièrent alors dans leurs places fortes, et les Berbères continuèrent à occuper les campagnes jusqu’à l’arrivée d’Abou-’l-Mohadjer, affranchi auquel le nouveau khalife, Yezid, fils de Moaouïa, venait d’accorder le gouvernement de l’Ifrîkïa.

Le droit de commander au peuple berbère appartenait alors à la tribu d’Auréba et fut exercé par Koceila, fils de Lemezm, et chef des Beranės. Koceila avait pour lieutenant Sekerdîd-Ibn-Roumi[2]-Ibn-Marezt, l’aurébien. Chrétiens d’abord, ils s’étaient tous les deux faits musulmans lors de l’invasion arabe ; mais, ensuite, sous l’administration d’Abou-’l-Mohadjer, ils renoncèrent à leur nouvelle religion et rallièrent tous les Beranès sous leurs drapeaux. Abou-’l-Mohadjer marcha contre les révoltés, et, arrivé aux sources (oïoun) de Tlemcen, il les battit complètement et fit Koceila prisonnier. Le chef berbère n’évita la mort qu’en faisant profession de l’islamisme.

Ocba, qui était revenu en Ifrîkïa pour remplacer Abou-’l-Mohadjer, traita Koceila avec la dernière indignité, pour avoir montré de l’attachement à ce gouverneur. Il s’empara ensuite des places fortes du pays, telles que Baghaïa et Lamboesa[3], et dé-

    que les copistes d’Ibo-Khaldoun et d’En-Noweiri l’ont écrit Ahodeidj.

  1. La tribu de Sekoun ou Sokoun est une branche de celle de Kinda. (Lobb-el-Lobab d’Es-Soyonti.)
  2. Ailleurs ce nom est écrit Zoufi.
  3. Dans les manuscrits et le texte imprimé, ce nom est écrit لميس (Lemis) ; il faut y supprimer un point et lire (Lembès).