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HISTOIRE DES BERBÈRES.

mélange de Cananéens et d’Amalécites qui s’étaient répandus dans divers pays après que Goliath fut tué ; Ifrîcos, ayant envahi le Maghreb, les y transporta des côtes de la Syrie, et les ayant établis en Ifrîkïa, il les nomma Berbères.

Les Berbères, selon une autre opinion, descendent de Cham, fils de Noé, et ont pour aïeul Berber, fils de Temla, fils de Mazîgh, fils de Canaan, fils de Cham.

« Ils descendent, dit Es-Souli[1] : de Berber, fils de Kesloudjîm [Casluhim], fils de Mesraïm, fils de Cham. »

Selon une autre hypothèse, ce sont des Amalécites, et ils descendent de Berber, fils de Temla, fils de Mareb, fils de Faran, fils d’Amr, fils d’Amlac [Amalec], fils de Laoud [Lud], fils de Sem. D’après cette opinion, les Berbères seraient des Amalécites[2].

« Les Berbères, dit Malek-Ibn-Morahhel[3], se composent de diverses tribus himyerites, modérites, coptes, amalécites, cananéennes et coreichites qui s’étaient réunies en Syrie et parlaient un jargon barbare. Ifrîcos les nomma Berbères à cause de leur loquacité. »

El-Masoudi, Et-Taberi et Es-Soheili[4] rapportent qu’Ifrîcos forma une armée avec ces gens afin de conquérir l’Afrique, et que ce fut là la cause de leur émigration. Il les nomma Berbères, et [à ce sujet] on cite de lui le vers suivant :

Le peuple cananéen murmura [berberat] quand je le forçai à quitter un pays misérable pour aller vivre dans l’abondance.

« On n’est point d’accord, dit Ibn-el-Kelbi, sur le nom de

  1. Abou-Bekr-Mohammed-es-Souli, célèbre polygraphe et joueur d’échecs, mourut à Bassora en 335 (947). — (Ibn-Khallikan, vol. iii, page 74)
  2. Les Amalécites ne descendaient pas de Lud, fils de Sem, mais d’Esaü, fils d’Isaac, fils d’Abraham.
  3. Malek-Ibn-Morahhel se trouvait au service du sultan mérinide, Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack, dans la dernière moitié du septième siècle de l’hégire.
  4. Abd-er-Rahman-es-Soheili, poète, historien et philologue, naquit à Malaga, en 508 (1114-5). Il passa les trois dernières années de sa vie en Afrique et mourut à Maroc en 581 (1185). — (Ibn-Khallikan, vol. ii, page 99).