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HISTOIRE DES BERBÈRES.

Selon El-Masoudi[1] ce sont un débris des Ghassanides et autres tribus qui se dispersèrent à la suite du Torrent d’Arim[2]. « Ce sont, disent quelques-uns, des gens qu’Abraha-Dou-’l-Menar[3] laissa après lui en Maghreb ; ils appartiennent, disent encore d’autres, aux tribus de Lakhm et de Djodam. Ils avaient habité la Palestine, mais ils en furent expulsés par un roi de Perse. Arrivés en Égypte, ils ne purent obtenir des souverains de ce pays l’autorisation d’y rester ; aussi traversèrent-ils le Nil et se répandirent dans le pays [d’Afrique]. »

« Quelques peuplades berbères, dit Abou-Omar-Ibn-Abd-el-Berr[4], prétendent former la postérité d’en-Nôman, fils de Himyer-Ibn-Sebâ. Moi-même, dit-il, j’ai lu dans l’ouvrage d’El-Isfendad le philosophe, qu’En-Nôman, fils de Himyer-Ibn-Sebâ, était le [plus grand] roi de la période qui sépare la mission de Jésus de celle de Mahomet. Ayant convoqué ses fils il leur adressa ces paroles : je veux envoyer quelques-uns d’entre vous en Maghreb pour le peupler. Malgré leurs remontrances, il persista dans sa résolution, et y expédia Lemt, l’aïeul des Lemtouna, Mesfou, l’aïeul des Messoufa, Merta, l’aïeul des Heskoura, Asnag, l’aïeul des Sanhadja, Lamt, l’aïeul des Lamta, et Aîlan, l’aïeul des Heilana. Les uns se fixèrent dans la montagne de Deren, et les autres dans le Sous et le Derâ. Lamt s’arrêta chez Guezoul et en épousa la fille ; Addjana, le père des Zenata, s’établit auprès du Chélif ; les Ourtedjîn et les Maghraou fixèrent leur séjour sur la frontière

  1. Abou-’l-Hacen-Ali-el-Masoudi, auteur de plusieurs traités dont le plus célèbre est l’ouvrage historique et géographique intitulé Moroudj-ed-Deheb (prairies d’or), naquit à Baghdad et passa une partie de sa vie en Egypte. Il mourut en 345 (956). — (Ibn-Khallikan, vol. ii, page 618, note. Notices et extraits, etc., tome viii, et Journal Asiatique de janvier, 1839.)
  2. Voyez l’Essai de M. C. de Perceval, tome i, p. 85 et suiv.
  3. Ibid, tome i, p. 67.
  4. Abou-Omar-Youçof-Ibn-Abd-el-Berr, célèbre historien et généalogiste, naquit à Cordoue et remplit les fonctions de cadi à Lisbonne (Ochbouna) et à Santarem (Chentérîn). Il mourut en 463 (1070-1). — (Abulfedœ Annales.)