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HISTOIRE DES BERBÈRES.

jour. Le chef auquel ils obéissent maintenant s’appelle Hamîd-Ibn-Senan-Ibn-Othman-Ibn-Ghalboun. Les Alaouna sont voisins des Azza, Arabes du territoire de Barca, et des Methaïna, fraction des Hoouara, laquelle est établie à demeure fixe.

Au midi du pays occupé par les Debbab, on trouve les Nacera, tribu dont l’aïeul, du même nom, était fils de Khafaf-Ibn-Imr-’l-Caïs-Ibn-Bohtha-Ibn-Soleim. Maintenant, si nous admettons l’opinion d’Et-Tidjani qui regarde la tribu de Zoghb, père de Debbab, comme issue de Malek, fils de Khafaf, les Zoghb seraient frères des Nacera. Or, il est peu vraisemblable qu’une tribu [comme les Zoghb] soit appelée [tribu nacerienne] du nom d’une autre tribu [les Nacera], provenant de la même souche. Si, au contraire, nous admettons l’opinion d’Ibn-el-Kelbi, qui regarde les Zoghb comme descendants de Nacera[1], la chose serait bien plus probable. En ce dernier cas, la tribu dont il s’agit [c’est-à-dire, les Zoghb] aurait porté le nom de son père Nacera, à l’exclusion des Debbab et des autres branches de la même grande famille ; fait dont on trouve, du reste, plusieurs exemples dans la filiation de tribus.

Les Nacera habitent les pays de Fezzan et Oueddan.

Ayant fini notre notice des Debbab, nous allons parler de leurs voisins, les Azza, tribu qui habite plus à l’est et occupe le pays de Barca. Ce territoire est maintenant changé en désert par la ruine de ses villes et de ses villages. Autrefois, la dynastie des Sanhadja y avait fait prospérer l’agriculture, mais les Arabes nomades-pasteurs y portèrent la dévastation et parvinrent à rétrécir graduellement, par leurs envahissements et leurs brigandages, les limites du pays cultivé. Tous les arts qui fournissent à la subsistance de l’homme cessèrent d’y être exercés ; la civilisation y fut ruinée et le pays changé en désert.

La plupart des Arabes qui occupent ces lieux s’adonnent à l’agriculture comme moyen d’existence ; ils labourent la terre à l’aide des chameaux et des ânes ; quelquefois même, quand ils sont très-pauvres et que les autres moyens leur manquent, ils

  1. Voyez ci-dessus, pages 134, 136.