Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
TRIBUS ARABES.

des Fatemides : cette dynastie sentit la nécessité de se concilier leur appui à cause de ses démêlés avec les Abbacides. Plus tard, les Arabes se transportèrent dans les plaines de Barca et de l’Ifrîkïa, hors de l’action du gouvernement égyptien, et s’étant ensuite mis au service des Hafsides, ils se tinrent constamment en garde contre toute espèce d’humiliation et d’oppression ; jusqu’à ce qu’ayant défait le sultan Abou-’l-Hacen et ses Zenata près de Cairouan, ils se frayèrent le chemin à un degré de puissance qu’aucune autre tribu n’avait jamais atteint — puissance par laquelle ils se maintinrent contre tous les empires de l’Afrique septentrionale.

A leur exemple, les Makil et les Zoghba se soulevèrent contre les souverains zenatiens, et les attaquèrent avec acharnement, eux qui, auparavant n’avaient rien osé entreprendre de semblable, accablés, comme ils l’étaient, par la domination d’une race vainqueur.

HISTOIRE DE CACEM-IBN-MERA, RÉFORMATEUR KAOUBIEN. — [NOTICE DE QUELQUES AUTRES BRANCHES DE LA TRIBU DE SOLEIM.]

Depuis l’âge le plus tendre, Cacem-Ibn-Mera-Ibn-Ahmed-Ibn-Kâb, membre de la tribu des Kaoub, avait été élevé par sa famille dans l’exercice de la dévotion. Ayant rencontré à Cairouan le cheikh Abou-Youçof-ed-Dehmani, chef des saints ascétiques de l’époque, il en devint le disciple. Rentré ensuite dans sa tribu, il suivit la voie que son maître lui avait tracée et s’adonna à la plus stricte observance des pratiques (sonna) consacrées par l’exemple du Prophête. Remarquant alors combien les Arabes vexaient les voyageurs par leurs brigandages et à quel point ils s’étaient écartés du sentier de la rectitude, il résolut de mettre un terme à leur conduite blâmable et de les contraindre à respecter l’autorité de la sonna. Pour accomplir cette tâche, il invita les membres de sa famille, les Aulad-Ahmed, à le seconder en combattant sous ses ordres. S’étant laissé diriger par les conseils de ses parents de la famille d’Abou-’l-Leil, et reconnaissant qu’il risquerait de tout gâter et même d’encourir la haine de sa propre tribu s’il entreprenait de la soumettre à ses réglements,