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HISTOIRE DES BERBÈRES.

bourgades du Derâ. Il y a aussi un autre grand fleuve qui se dirige vers le midi, en dérivant un peu vers l’est, et qui se perd dans les sables un peu au-delà de Tîgourarîn. Sur la rive occidentale de ce fleuve on rencontre successivement les bourgades de Touat, de Tementît, et de Regan. C’est auprès de cette dernière localité qu’il disparaît dans les sables. Au nord de Regan se trouvent les bourgades de Tementît, et au nord-est, on rencontre ceux de Tîgourarîn. Tous ces endroits sont situés derrière la ligne des dunes appelées l’Areg.

Les montagnes de Deren forment par leur assiette, une ceinture qui enferme le Maghreb El-Acsa depuis Asfi jusqu’à Téza. Au midi de cette chaîne s’élève le Neguîça, montagne occupée par les Sanhadja et dont l’extrêmité qui touche au mont Heskoura s’appelle Djebel-Ibn-Homeidi. De là plusieurs autres chaînes de montagnes se détachent parallèlement les unes aux autres, et vont atteindre la Mer-Romaine [la Méditerranée], auprès de Badis. L’on peut donc considérer le Maghreb [El-Acsa] comme une île, entourée au sud et à l’est par des montagnes, et à l’ouest et au nord par la mer. Ces montagnes et les plaines qu’elles renferment sont habitées par des peuplades berbères dont personne, excepté celui qui les a créées, ne peut estimer le nombre. Les rares chemins qui mènent dans le Maghreb à travers ces hauteurs sont toujours couverts d’une foule de voyageurs appartenant aux tribus qui occupent ces localités.

Le Derâ, après s’être perdu dans les sables, entre Sidjilmessa et le Sous, reprend sa course et va se jeter dans l’Océan entre Noun et Ouadan. Ses bords sont couverts de bourgades entourées de dattiers en quantité innombrable. Tadénest[1], la capitale de cette région, est une grande ville, fréquentée par des marchands qui y vont acheter de l’indigo : ils le paient d’avance, en attendant son extraction de la plante par les moyens de l’art. Les Aulad-Hocein sont maîtres de ce territoire, ils ont soumis les Berbères-Sanaga et les peuplades

  1. Un des manuscrits porte Tîdîci, et en marge d’un autre, on lit : la bonne leçon est Tebdeci ; mais c’est là un point qui mérite examen.