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TRIBUS ARABES.

A la mort d’Abou-Einan, le sultan Abou-Hammou occupa Tlemcen, entreprise dont nous parlerons ailleurs, et les Mérinides marchèrent encore sur cette ville. Abou-Hammou et Sogheir prirent alors la fuite et cherchèrent un asile chez ces Arabes. Une victoire remportée par les Makil sur l’armée mérinide aux environs de Tlemcen, compléta la rupture qui s’était déclarée entre eux et l’empire ; aussi, dès ce moment, ils s’attachèrent au parti d’Abou-Hammou, et en récompense de leurs services, ils obtinrent de ce prince la concession d’une partie des plaines que renferme le territoire de Tlemcen. En l’an 763 (1361-2), lors de la mort du sultan Abou-Salem, une grande commotion se manifesta dans le Maghreb par suite de la révolte des fils du sultan Abou-Ali, lesquels s’étaient emparés de Sidjilmessa. Tant que dura cette insurrection, les Makil y prirent une part très-active.

[Leur chef] Ahmed-Ibn-Rahhou eut ensuite un démêlé avec Abou-Hammou, et pour se venger de ce sultan, il fit venir Abou-Zîan, petit-fils du sultan Abou-Tachefîn, et envahit avec lui le territoire de Tlemcen. Cette démonstration lui coûta la vie, ainsi que nous le raconterons ailleurs. Plus tard, les Makil devinrent assez redoutables pour se faire concéder par le gouvernement [mérinide] la plus grande partie des impôts fournis par le Derâ et la possession des territoires qui dépendent de Tedla et d’El-Mâden ; territoires situés aux débouchés des défilés par lesquels ils entraient dans le Maghreb, soit pour y passer les printemps et les étés, soit pour y faire leur provision de blé. Quant à Sidjilmessa, cette ville n’appartient pas à eux, mais bien à leurs frères, les Ahlaf.

Parlons maintenant du Derâ. Ce pays méridional est traversé par un grand fleuve qui prend sa source dans le Deren [l’Atlas], montagne qui donne aussi naissance au fleuve Omm-Rebiâ. Celui-ci traverse les plateaux et les plaines du Tell, mais le Derâ coule vers le sud-ouest et se perd dans les sables du pays de Sous[1]. C’est sur les bords de cette rivière que s’élèvent les

  1. Plus loin, l’auteur nous apprend que le Derâ se jette dans l’Atlantique.