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HISTOIRE DES BERBÈRES.

jusqu’aux lieux qu’habitent les tribus porteurs du litham[1], telles que les Guedala, les Messoufa et les Lemtouna.

Les Makil vinrent en Maghreb avec les tribus descendues de Hilal ; et l’on dit qu’à cette époque, leur nombre n’atteignit pas deux cents. Repoussés par les Beni-Soleim, et trop faibles pour leur résister, ils s’attachèrent de bonne heure aux Beni-Hilal et se fixèrent sur l’extrême limite du pays habité par leurs protecteurs. Ils occupèrent ainsi la région qui s’étend depuis le Molouïa jusqu’aux sables de Tafîlelt. Établis dans le Désert occidental et devenus voisins des Zenata, ils se multiplièrent au point de peupler les plaines et les solitudes du Maghreb-el-Acsa. Ayant soumis ces vastes contrées, ils formèrent, avec les Zenata, une confédération qui ne se brisa jamais.

Un petit nombre d’entre eux resta en Ifrîkïa, et après s’être fondu dans la masse des Beni-Kâb-Ibn-Soleim, il leur servit d’intermédiaire toutes les fois qu’il s’agissait d’entrer au service du sultan ou de faire la paix avec les autres Arabes.

Lorsque les Zenata s’emparèrent du Maghreb et en occupèrent les villes, leurs anciens alliés, les Makil, restèrent seuls dans le Désert ; et s’y étant multipliés d’une manière vraiment extraordinaire, ils soumirent les bourgades que ce peuple berbère y avait construites.

De cette manière ils devinrent maîtres des Cosour[2] de Sous, du côté de l’Occident, et de ceux de Touat, de Bouda, de Tementît, de Regan, de Teçabît et de Tîgourarîn, du côté de l’Orient. Cha-

  1. Le litham est un voile d’étoffe bleue qui couvre toute la figure de l’homme, à l’exception des yeux. Encore aujourd’hui les Touarek et d’autres peuples du Désert le portent constamment, même en mangeant, et ils se croiraient déshonorés s’ils se montraient la figure découverte. Chez tous ces nomades les femmes ne doivent pas se voiler. On donne aux peuples porteurs du litham le nom générique d’El-Moleththemin (les voilés), mot dérivé de la même racine que litham. Les historiens arabes désignent très-souvent les Almoravides par le nom de Moleththemin.
  2. Cosour ou Ksour, peut se rendre en français par bourg, bourgade. Il est le pluriel de casr, mot qui signifie château, palais.