Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98
HISTOIRE DES BERBÈRES.

mourut, peu de temps avant la chute de Tlemcen. Meimoun-Ibn-Othman, frère de Saîd, se réfugia, avec ses fils, auprès du sultan mérinide, sachant que ce prince avait reçu Arîf-Ibn-Yahya de la manière la plus honorable et qu’il lui avait assigné, dans la salle d’audience, une place rapprochée de la sienne. Le sultan Abou-’l-Hacen, fils et successeur d’Abou-Saîd, admit Arîf-Ibn-Yahya dans son intimité et le choisit pour conseiller et ami. Dès-lors Arîf travailla sans cesse à pousser les Mérinides contre le souverain de Tlemcen. La haute faveur dont il jouissait ayant enfin excité la jalousie de Meimoun-Ibn-Othman, celui-ci abandonna la cour et se rendit, avec ses fils, auprès d’Abou-Ali, frère du sultan Abou-’l-Hacen et seigneur de Tafilelt. Meimoun mourut dans cette ville, et ses fils entrèrent au service d’Abou-’l-Hacen lorsque celui-ci eut vaincu son frère.

Le sultan mérinide marcha ensuite sur Tlemcen à la tête de toutes les populations du Maghreb, et après y avoir assiégé les Zîanides pendant deux ans, il emporta la ville d’assaut, renversa la dynastie abd-el-ouadite et tua le sultan Abou-Tachefîn à la porte même du palais. Devenu, par cette conquête, maître absolu du Maghreb-el-Acsa et du Maghreb central, il étendit sa domination jusqu’à Tedellis, ville située sur la frontière des états hafsides, et il put alors réunir sous un même drapeau tous les peuples d’origine zenatienne.

Pendant que les Beni-Amer-Ibn-Zoghba, amis dévoués des Beni-Abd-el-Ouad, s’étaient réfugiés dans le Désert, Arîf-Ibn-Yahya obtint d’Abou-’l-Hacen la préséance sur tous les chefs makiliens et zoghbiens qui étaient au service de l’empire.

Semaoun, fils de Saîd, auquel le sultan avait déjà accordé le commandement des nomades soueidiens, mourut en 732 (1131-2), quelque temps avant la prise de Tlemcen, pendant que ce monarque était à Teçala. Son frère et successeur, Atïa, n’exerça le pouvoir que peu de mois, et il cessa de vivre bientôt après la chute de cette capitale. Le sultan confia alors le commandement des Soueid et de toutes les autres branches des Beni-Malek à Ouenzemmar, fils d’Arîf ; il lui donna aussi le commandement de toutes les populations nomades qui occupaient ses