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HISTOIRE DES BERBÈRES.

Ayant indiqué l’origine de cet impôt d’après les renseignements de Youçouf-Ibn-Ali-Ibn-Ghanem, chef makilien qui les tenait lui-même des anciens de sa tribu, je vais maintenant raconter de quelle manière il fut aboli. Les Makil étaient convenus entre eux que chacune de leurs tribus le recueillirait à son tour et le garderait pour elle. Quand les Obeid-Allah durent venir le percevoir, Thouaba-Ibn-Djoutha rassembla son peuple et l’engagea à repousser leurs prétentions. Il en résulta un conflit à la suite duquel les Zoghba chassèrent leurs adversaires dans la partie orientale du pays. Se plaçant alors de manière à leur couper toute communication avec les autres tribus makiliennes, ils leur livrèrent plusieurs combats dans lesquels ils perdirent eux-mêmes leurs chefs Ibn-Djoutha et Ibn-Mermah. La tribu d’Obeid-Allah adressa alors aux autres tribus makiliennes un poème dans lequel on remarque les vers suivants :

Enfants de Makil ! si vous nous refusez des secours contre l’ennemi, sachez, au moins, ce qui nous est arrivé :

Nous avons tué Ibn-Djoutha ; Ibn-Mermah, le brave, reste prosterné dans la poussière ! Voilà de nos exploits !

Les Makil vinrent au secours de leurs frères et forcèrent les Zoghba à prendre la fuite. Les Obeid-Allah effectuèrent leur jonction avec leurs parents, les Beni-Mansour et les Doui-Hassan, mais, depuis ce temps, les Zoghba sont restés libres de cet impôt.

Plus tard, un conflit ayant éclaté entre Yaghmoracen et les Soueid, ceux-ci perdirent leur chef Omer-Ibn-Mehdi et abandonnèrent les plateaux et les pâturages du royaume abd-el-ouadite pour rentrer dans la partie du Désert qui touche au territoire habité par les Toudjîn. Ils formèrent alors une confédération avec ce peuple et le soutinrent dans ses guerres contre les Beni-Abd-el-Ouad. Plusieurs de leurs familles, devenues trop faibles pour se livrer davantage à la vie nomade, s’établirent, vers cette époque, dans les campagnes d’el-Batha et de Cîrat : les Chebaba, les Modjacher, les Flîta, les Ghofeir, les Chafâï, les Malef, les Bou-Rahma et les Bou-Kamel prirent alors des habitations fixes ; Bakhîs-Ibn-Ammar, tribu sœur de celle de Soueid, s’installa dans la campagne d’Oran, et s’étant soumis à la nécessité de