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TRIBUS ARABES.

Le droit de commander à toutes les tribus rîahides, appartenait autrefois à la branche de Mirdas. Lors de leur entrée en Ifrîkïa, ce fut la famille de Sinber qui l’exerçait, mais ensuite il passa aux Douaouida, descendants de Daouwad-Ibn-Mirdas-Ibn-Rîah. La famille d’Amr-Ibn-Rîah réclame pour Amr, son aïeul, l’honneur d’avoir élevé ce Daouwad.

Du temps des [premiers] Almohades, les Rîah eurent pour chef Masoud-Ibn-Soltan-Ibn-Zemam-Ibn-Rodeini-Ibn-Daouwad, surnommé El-Bolt (le pavé) à cause de sa fermeté et de sa force de caractère.

[Le khalife almohade] El-Mansour, lorsqu’il transporta les Rîah dans le Maghreb, laissa plusieurs fractions de cette tribu en Ifrîkïa, et en confia le commandement à un frère de Masoud, nommé Açaker, chef dont il avait éprouvé la fidélité. Quant à Masoud, il l’établit, avec le reste de ce peuple, dans cette partie de la province d’El-Hebet qui s’étend depuis le Cosour-Ketama, autrement appelé El-Casr-el-Kebîr, jusqu’au pays d’Azghar. Les Rîah se fixèrent alors dans la vaste plaine qui se prolonge de là jusqu’à la Mer-Verte (l’Atlantique).

Entre les années 590 et 600 (1203), Masoud s’échappa avec une petite troupe de son peuple et rentra en Ifrîkïa où il se vit rejoindre par ses neveux, les fils d’Açaker. De là, il passa dans la province de Tripoli et s’arrêta tantôt chez les Zoghb [Zoghba] et tantôt chez les Debbab. S’étant ensuite mis au service de Caracoch, il assista, sous les ordres de cet aventurier, à la prise de Tripoli. Plus tard, il alla trouver Ibn-Ghanîa-el-Maïorki et persista dans la révolte jusqu’à sa mort.

Mohammed, son fils et successeur, se distingua par sa bravoure dans la guerre que [Yahya-Ibn-Ghanîa]-el-Maïorki faisait aux Almohades. En l’an 606 (1209-10)[1], Abou-Mohammed le Hafside ayant rencontré Yahya [Ibn-Ghanîa] près d’El-Hamma, dans le Belad-el-Djerîd, le vainquit dans une bataille qui coûta

  1. Dans le texte arabe et dans les manuscrits on lit 618 ; trait de négligence de la part de l’auteur ou de son copiste. Plus loin, dans l’histoire des Hafsides, on trouve la vraie date.