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TRIBUS ARABES.

nier au Caire où il subit la peine capitale. Plus tard, les Beni-Corra parvinrent à obtenir leur grâce. En l’an 402 (1011-2) ils interceptèrent les présents que Badîs-Ibn-el-Mansour, roi des Sanhadja, envoyait en Égypte ; puis ils allèrent s’emparer de Barca. Le gouverneur de cette ville prit la fuite, monta sur un navire et partit.

Telle était encore la position où ils se trouvaient quand leurs frères de la tribu de Hilal, les Zoghba, les Rîah et les Athbedj, pénétrèrent en Ifrîkïa avec leurs dépendants. Ils se mirent en marche avec eux, ayant au nombre de leurs chefs ce Madi-Ibn-Mocreb dont le nom se fait remarquer dans l’histoire de la tribu de Hilal.

On conserve chez les Hilaliens des récits fort étranges au sujet de leur entrée en Ifrîkïa. Ainsi, ils prétendent que le chérif Ibn-Hicham, prince de Hidjaz, et appelé, selon eux, Chokr-Ibn-Abi-’l-Fotouh, contracta une alliance avec [leur chef] Hacen-Ibn-Serhan, dont il épousa la sœur El-Djazia, et que de ce mariage naquit un fils appelé Mohammed. Des querelles et des dissentions s’étant ensuite élevées entre le chérif et les membres de la tribu, ceux-ci prirent la résolution de passer en Afrique. Mais, d’abord, ils usèrent de ruse afin de pouvoir emmener la femme du chérif. D’après leurs conseils, elle demanda à son mari la permission d’aller visiter ses parents. Il y donna son consentement et l’accompagna jusqu’au lieu où la tribu était campée. On partit alors, emmenant le chérif et son épouse, avec l’intention apparente de le conduire à un endroit où l’on se livrerait, le lendemain, au plaisir de la chasse, et de revenir au campement aussitôt que les tentes y seraient dressées de nouveau. Tant qu’ils se trouvèrent sur le territoire du chérif, ils lui cachèrent leur véritable projet, mais, lorsqu’ils eurent atteint les terres situées hors de la juridiction de ce chef, ils le renvoyèrent à la Mecque, le cœur rempli de douleur en se voyant enlever la personne qu’il aimait tant. Sa femme continua à ressentir pour lui un amour égal à celui qui le tourmentait, et elle mourut enfin, victime de sa passion.

Encore aujourd’hui, dans la tribu de Hilal, on raconte au sujet de ces deux amants des histoires à faire oublier celles de Caïs et