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VOYAGES

[texte arabe]

sont bizarres. Quant aux hommes, ils ne sont nullement jaloux de leurs épouses ; aucun d’eux ne se nomme d’après son père ; mais chacun rattache sa généalogie à son oncle maternel. L’héritage est recueilli par les fils de la sœur du décédé, à l’exclusion de ses propres enfants. Je n’ai vu pratiquer cette dernière chose dans aucun autre pays du monde, si ce n’est chez les Indiens infidèles de la contrée du Molaïbâr, ou Malabar. Cependant ces Messoûfites sont musulmans ; ils font avec exactitude les prières prescrites par la loi religieuse, étudient la jurisprudence, la théologie, et apprennent le Coran par cœur. Les femmes des Messoûfites n’éprouvent nul sentiment de pudeur en présence des hommes et ne se voilent pas le visage ; malgré cela, elles ne manquent point d’accomplir ponctuellement les prières. Quiconque veut les épouser, le peut sans difficulté ; mais ces femmes messoûfites ne voyagent pas avec leur mari ; si même l’une d’elles y consentait, sa famille l’en empêcherait. Dans ce pays, les femmes ont des amis et des camarades pris parmi les hommes étrangers ou non parents. Les hommes, de leur côté, ont des compagnes qu’ils prennent parmi les femmes