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VOYAGES

[texte arabe]

chîf, ou messager, périt dans ce désert ; alors les habitants d’Iouâlâten n’ont aucun avis de la caravane, qui succombe tout entière ou en grande partie. Cette vaste plaine est hantée par beaucoup de démons ; si le messager est seul, ils jouent avec lui, le fascinent, de sorte qu’il s’écarte de son but et meurt. En effet, il n’y a dans ce désert aucun chemin apparent, aucune trace visible ; ce ne sont que des sables que le vent emporte. On voit quelquefois des montagnes de sable dans un endroit, et peu après elles sont transportées dans un autre lieu.

Le guide dans cette plaine déserte est celui qui y est allé et en est revenu plusieurs fois, et qui est doué d’une tête très-intelligente. Une des choses étonnantes que j’ai vues, c’est que notre conducteur avait un œil perdu, le second malade, et, malgré cela, il connaissait le chemin mieux qu’aucun autre mortel. Le messager que nous louâmes dans ce voyage nous coûta cent ducals d’or : c’était un homme de la peuplade des Messoûfah. Au soir du septième jour après son