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D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]

creusa pour le kân un grand nâoûs (du grec υαός), qui est une maison souterraine ou caveau ; on y étendit de superbes tapis, et l’on y plaça le kân avec ses armes. On y mit aussi toute la vaisselle d’or et d’argent de son palais, quatre jeunes filles esclaves et six mamloûcs des plus notables, qui tenaient à la main des vases pleins de boisson. Puis l’on mura la porte du caveau, on le recouvrit de terre, de sorte qu’il ressemblait à une haute colline. L’on fit venir quatre chevaux qu’on força de courir près de la tombe du sultan, jusqu’à ce qu’ils s’arrêtassent (de fatigue). Alors on dressa près du sépulcre une grande pièce de bois, ou poutre, à laquelle l’on suspendit ces chevaux, après avoir introduit dans leur derrière une pièce de bois qu’on fit sortir par leur bouche. Les parents du kân dont il a été parlé plus haut furent mis dans des caveaux, avec leurs armes et la vaisselle de leurs maisons. Auprès des sépulcres des principaux d’entre eux, qui étaient au nombre de dix, l’on mit en croix trois chevaux pour chacun ; auprès des autres, l’on crucifia ou empala un cheval pour chaque tombe.