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VOYAGES

[texte arabe]

y restâmes une nuit, jouissant de l’hospitalité de son commandant. L’émîr Korthaï nous fit préparer un navire pourvu de tout le nécessaire en fait de provisions de bouche et autres ; il fit partir avec nous ses compagnons pour que nous fussions partout reçus comme les hôtes du sultan ; et nous quittâmes cette ville, qui est la dernière des provinces de la Chine (méridionale), pour entrer dans le Khithâ (Catay, ou Chine septentrionale).

Le Khithâ est le pays du monde le mieux cultivé, et dans toute la contrée l’on ne trouve pas un seul endroit qui soit en friche. La raison en est que, s’il arrive qu’une localité reste sans culture, l’on force ses habitants, ou, à leur défaut, ceux qui les avoisinent, d’en payer l’impôt foncier. Les jardins, les villages et les champs ensemencés sont rangés avec ordre des deux côtés du fleuve, depuis la ville de Khansâ jusqu’à celle de Khân-bâlik ; ce qui fait un espace de soixante-quatre jours de voyage. Dans ces localités, l’on ne trouve pas de musulmans, à moins qu’ils ne soient de passage, et non établis ; car elles ne sont pas propres à une demeure fixe, et