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VOYAGES

[texte arabe]

cun de ceux-ci a sous sa direction trois ou quatre apprentis. Tous sont esclaves du kân, ils ont les chaînes aux pieds, et habitent au dehors du château. On leur permet de se rendre aux marchés de la ville, mais on leur défend de sortir hors de la porte. L’émîr les passe en revue tous les jours, cent par cent, et, s’il en manque un, son chef en est responsable. L’usage est qu’après que chacun d’eux a servi dix ans on brise ses entraves, et il peut choisir l’une ou l’autre de ces deux conditions : continuer à servir, mais sans chaînes, ou aller où il veut, dans les limites des pays du kân , sans quitter son territoire. À l’âge de cinquante ans, il est dispensé de tout travail, et entretenu aux frais de l’État. D’ailleurs, chaque personne qui a cet âge, ou à peu près, peut, à la Chine, être nourrie par le trésor. L’individu qui a atteint soixante ans est considéré comme un enfant par les Chinois, et n’est plus sujet aux peines ordonnées par la loi. Les vieillards sont très-vénérés dans ce pays-là ; chacun d’eux est nommé âthâ, c’est-à-dire « père ».