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VOYAGES

[texte arabe]

jour de mon entrée, j’y vis l’émir qui était arrivé dans l’Inde comme ambassadeur et porteur d’un cadeau, qui était parti en notre compagnie (pour le Malabar), et dont la jonque avait été submergée. Il me salua, et informa sur mon compte le chef du conseil, qui me fit loger dans une belle habitation. Je reçus la visite : 1° du juge des musulmans, Tâdj eddîn Alardoouîly, homme vertueux et généreux ; 2° du cheïkh de l’islamisme Camâl eddîn Abdallah, d’Ispahân, homme très-pieux ; 3° des principaux marchands. Parmi ceux-ci je nommerai seulement Cheref eddîn de Tibrîz, un des négociants envers lesquels je m’endettai lors de mon arrivée dans l’Inde, et celui dont les procédés furent les meilleurs ; il sait tout le Coran par cœur, et il lit beaucoup. Comme ces commerçants sont établis dans le pays des infidèles, il s’ensuit que, lorsqu’ils voient un musulman qui se rend près d’eux, ils s’en réjouissent considérablement, et se disent : « Celui-ci vient de la terre de l’islamisme. » Ils lui donnent l’aumône légale sur leurs biens, de sorte que ce voyageur devient riche à la manière de l’un d’eux. Au nombre des cheïkhs éminents