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VOYAGES

mant et à la remorquer. En outre, il y a dans la jonque environ vingt rames fort grosses, à la manière des mâts de navire ; trente hommes, plus ou moins, se réunissent autour d’une de ces rames ; ils se tiennent debout sur deux rangs, l’un faisant face à l’autre. La rame est pourvue de deux fortes cordes, ou câbles, qui ressemblent à des massues ; une des deux files d’hommes tire sur un cable, puis le lâche, et alors l’autre file tire sur le second câble. Ces rameurs, en travaillant, chantent avec de belles voix, et ils disent ordinairement la’la, la’la.

Nous passâmes sur cette mer trente-sept jours, et les marins furent surpris de la facilité qu’éprouva le trajet. D’ordinaire, ils y emploient de quarante à cinquante jours, et regardent même alors la traversée comme très-heureuse. Puis nous arrivâmes au pays de Thaouâlicy (peut-être l’ile de Célèbes, ou plutôt le Tonkin), mot qui est le nom du roi de cette contrée. Elle est très-vaste, et son souverain égale celui de la Chine ; il possède de nombreuses jonques, avec