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D’IBN BATOUTAH.

l’avoir quittée, nous traversâmes des lieux âpres et pleins d’eau. On y trouve de nombreux éléphants, mais qui ne font pas de mal aux pèlerins, ni aux étrangers, et cela par la sainte influence du cheikh Abou ’Abd Allah, fils de Khalîf, le premier qui ouvrit ce chemin pour aller visiter le Pied. Auparavant les infidèles empêchaient les musulmans d’accomplir ce pèlerinage, les vexaient, ne mangeaient ni ne commerçaient avec eux. Mais quand l’aventure que nous avons racontée dans la première partie de ces voyages (t. II, p. 80, 81) fut arrivée au cheïkh Abou ’Abd Allah, c’est à savoir, le meurtre de tous ses compagnons par des éléphants, sa présenation, et la manière dont un éléphant le porta sur son dos, à dater de ce temps-là les idolâtres se mirent à honorer les musulmans, à les faire entrer dans leurs maisons et à manger avec eux. Ils ont même confiance en eux, en ce qui regarde leurs femmes et leurs enfants. Jusqu’à ce jour ils vénèrent extrêmement le cheïkh susdit et l’appellent le grand cheïkh.