Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 4.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
VOYAGES

[texte arabe]

dure. Sur ces entrefaites, le mouezzin appela à la prière du coucher du soleil, et le grand vizir entra dans sa maison en disant : « On prétend que je suis un souverain ; or, voici que j’ai mandé cet homme, afin de me mettre en colère contre lui, et il se fâche contre moi. » Je n’étais considéré de ces insulaires qu’à cause du sultan de l’Inde, car ils connaissaient le rang dont je jouissais près de lui. Quoiqu’ils soient éloignés de lui, ils le craignent fort dans leur cœur.

Quand le grand vizir fut rentré dans sa maison, il manda le kâdhi destitué, qui était éloquent, et qui m’adressa ce discours : « Notre maître te fait demander pourquoi tu as violé, en présence de témoins, le respect qui lui est dû, et pourquoi tu ne lui as pas rendu hommage ? » Je répondis : « Je ne le saluais que quand mon cœur était satisfait de lui ; mais puisqu’un mécontentement est survenu, j’ai renoncé à cet usage. La salutation des musulmans ne consiste que dans le mot assélâm (le salut soit sur vous), et je l’ai prononcé. » Le vizir m’envoya une seconde fois cet individu , qui me dit : « Tu n’as d’autre but que de nous quitter ; paye les dots de tes femmes et ce que tu dois aux hommes, et pars