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VOYAGES

[texte arabe]

tir avec lui, mais il me dit : «La barque n’est pas assez grande pour toi et tes compagnons. Si tu veux te mettre en route sans eux, tu en es le maître. » Je refusai cette proposition, et ’Omar s’éloigna. Mais le vent lui fut contraire (littéral. joua avec lui), et au bout de quatre jours il revint nous trouver, non sans avoir éprouvé des fatigues. Il me fit des excuses, et me conjura de partir avec lui, accompagné de mes camarades. Nous mettions à la voile le matin, nous descendions vers le milieu du jour sur quelque île ; nous la quittions et nous passions la nuit dans une autre. Après quatre jours de navigation, nous arrivâmes à la région de Teïm, dont le gouverneur se nommait Hilâl. Il me salua, me donna un festin et vint ensuite me trouver en compagnie de quatre hommes, dont deux avaient placé sur leurs épaules un bâton et y avaient suspendu quatre poulets. Les deux autres portaient un bâton pareil et y avaient attaché environ dix noix de coco. Je fus étonné du cas qu’ils faisaient de ces méprisables objets ; mais on m’apprit qu’ils agissaient ainsi par manière de considération et de respect.