le sans pareil dans son siècle, le phénix de son époque, Camàl eddîn ’Abd Allah alghâry. C’était un saint qui a fait beaucoup de miracles, et j’ai déjà mentionné ceux que j’ai vus par moi-même, la première fois que j’ai parlé de lui. Je me vouai entièrement au service de ce cheïkh, et donnai ce que je possédais aux moines et aux pauvres. Le saint personnage jeûnait dix jours sans interruption, et quelquefois aussi vingt jours ; je voulais jeûner comme lui ; mais il me le défendit, et me conseilla d’avoir soin de moi dans les exercices de dévotion. Il disait : « Certes, celui qui veut aller vite et devancer les autres ne fait pas de chemin, et ne sauve point de monture » (Cf. Schultens, Meidanii Proverbiorum arabicorum Pars, p. 278 ; et M. G. Freytag, Prov. ar. t. I, p. 2). J’aperçus en moi-même un certain sentiment de négligence, à cause de quelque objet qui me restait. Je me séparai donc de tout ce qui m’appartenait, précieux ou non ; je donnai à un fakîr les vêtements qui me recouvraient, et je mis les siens. Je restai cinq mois avec ce cheïkh ; pendant ce temps, le sultan était absent de Dihly, et dans la contrée du Sind.
Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/484
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.