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tan, de prêter le serment d’obéissance à ’Aïn almolc, et de se soulever contre le monarque de l’Inde. ’Aïn almolc s’enfuit nuitamment vers ses frères, et peu s’en fallut que leur plan ne réussît.

C’est ici le lieu de noter que le souverain de l’Inde a pour habitude de placer près de chaque émîr, soit grand, soit petit, un de ses mamloûcs, qui fait l’office d’espion au détriment de l’émîr, et instruit le sultan de tout ce qui concerne son maître. Il a soin aussi d’établir, dans les maisons, des femmes esclaves qui remplissent un rôle analogue, toujours au préjudice des émîrs. Il a encore des femmes qu’il nomme les balayeuses, qui entrent dans les diverses maisons sans permission, et auxquelles les esclaves ci-dessus racontent ce qu’elles connaissent. Les balayeuses rapportent cela au roi des donneurs de nouvelles, et celui-ci en informe le sultan. On raconte à ce sujet qu’un émîr était une fois couché avec sa femme, et qu’il voulait avoir commerce avec elle ; mais que celle-ci le conjura « par la tête du sultan », de ne pas le faire ; il n’en tint pas compte. Dès le matin, le sultan l’envoya quérir ; il lui raconta exactement ce qui s’était passé, et cette circonstance fut cause de la perte de l’émîr.