Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

individu qu’ils avaient instruit de leur plan les dénonça. Il s’appelait le roi Nossrah, le chambellan ; et il dit au vizir que le signe qui ferait découvrir leur projet, c’était qu’ils portaient des cuirasses sous leurs habits. Le vizir les fit amener devant lui, et les trouva dans l’état qu’on vient de dire ; il les expédia au sultan.

Je me trouvais en présence du souverain, lorsque ces conjurés arrivèrent. L’un d’eux était de haute taille, barbu, mais il tremblait et lisait le chapitre Yâ-Sîn du Korân (le xxxvi° ; c’est la prière des agonisants). D’après l’ordre du sultan, on jeta les émirs en question aux éléphants, qui sont dressés pour tuer les hommes, et l’on renvoya le fils de la sœur du vizir à son oncle, pour qu’il lui donnât la mort. Il le tua, en effet, comme nous le dirons plus bas.

Ces éléphants, qui tuent les hommes, ont leurs défenses revêtues de fers pointus, lesquels ressemblent au soc de la charrue qui laboure la terre ; et leurs bords sont comme des couteaux. Le cornac monte sur l’éléphant, et lorsqu’on jette on individu devant l’animal, celui-ci l’enlace de sa trompe,