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pendre à sa porte. Lorsque j’arrivai à Moltân, je la vis ainsi attachée. Le sultan donna au cheïkh Rocn eddîn, frère d’Imâd eddin, ainsi qu’au fils de celui-ci, Sadr eddîn, cent villages, à titre de bienfait et afin qu’ils en tirassent leur nourriture. Il les obligea à donner à manger aux voyageurs, dans leur ermitage, qui portait le nom de leur aïeul, c’est-à-dire, dans la zâouïah de Béhà eddîn Zacariyyà. Le souverain ordonna à son vizir, Khodjah Djihàn, de se rendre à la ville de Camâlpoûr, dont les habitants s’étaient soulevés. C’est une grande cité, située au bord de la mer. Un jurisconsulte, qui dit avoir été présent à l’entrée du vizir dans cette ville, m’a raconté ce qui suit : Khodjah Djihân fit venir devant lui le kâdhi de la ville et son prédicateur ; il commanda de les écorcher tout vivants. Ils lui dirent : « Donne-nous la mort immédiatement, sans ce supplice. » Il répondit : « Par quelle cause avez-vous mérité de périr ? » Les deux condamnés reprirent : « Par notre désobéissance aux ordres du souverain. » Le vizir dit alors : « Et comment pourrais je transgresser son commandement, qui est de vous faire su-