« Rétracte ton assertion. » Chihâb eddîn répondait : « Je ne la retirerai pas, et je désire d’être mis dans le chœur des martyrs. » Le quatorzième jour, le sultan lui envoya de la nourriture, au moyen de Mokhlis almolc ; mais le cheïkh ne voulut pas manger, et dit : « Mes biens ne sont plus sur cette terre ; retourne près de lui (le sultan) avec tes aliments. » Celui-ci ayant été informé de ces paroles, ordonna immédiatement qu’on fît avaler au cheïkh cinq istdrs (ou statères, du grec {{lang|grc|statèr) de matière fécale, ce qui correspond à deux livres et demie, poids de Barbarie. Les individus chargés de ces sortes de choses, et ce sont des gens choisis parmi les Indiens infidèles, prirent cette ordure, qu’ils firent dissoudre dans l’eau ; ils couchèrent le cheïkh sur son dos, lui ouvrirent la bouche avec des tenailles, et lui firent boire ce mélange. Le lendemain, on le conduisità la maison du kâdhi Sadr aldjihân. On rassembla les jurisconsultes et les cheïkhs, ainsi que les notables d’entre les personnages illustres ; tous le prêchèrent et lui demandèrent de revenir sur son propos. Il refusa de se rétracter, et on lui coupa le cou. Que Dieu ait pitié de lui !
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