l’Inde, il en fut excessivement honoré, et reçut de lui un riche cadeau. Toutes les fois que Rocn eddin entrait chez le sultan, ce dernier se levait et le comblait de marques de vénération ; puis il le congédia, en lui donnant des richesses considérables, parmi lesquelles il y avait un certain nombre de plaques pour les pieds des chevaux, ainsi que leurs clous, le tout en or pur et massif. Il lui dit : « Lorsque tu débarqueras, tu mettras ceci aux sabots de tes chevaux, en place de fers. » Rocn eddîn partit pour Cambaie, afin d’y prendre la mer, jusqu’au Yaman ; mais dans ce moment eurent lieu la révolte du juge Djélâl eddîn et la saisie qu’il opéra sur les biens du fils d’Alcaoulémy ; et on prit aussi ce qui appartenait au Grand cheïkh. Celui-ci, et le fils d’Alcaoulémy, s’enfuirent tous les deux près du sultan, qui, voyant Rocn eddîn, lui dit (en langue persane) en plaisantant : « Âmédi kih zer béri hâ diguéri sanam khouri zer nébéri ve ser nihi » ; ce qui signifie : « Tu es venu pour emporter de l’or et le dépenser avec les belles ; mais tu n’auras pas d’or, et tu laisseras ici ta tête. » Le prince lui dit cela pour s’amuser ;
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