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coins de la mosquée, poussa un grand cri. Le cheikh répéta le verset ; le fakîr cria une seconde fois et tomba mort. Je fus au nombre de ceux qui prièrent sur son corps et qui assistèrent à ses obsèques.

3° Le cheïkh pieux et savant Sadr eddîn Alcohrâny, qui jeûnait continuellement, et restait debout durant la nuit ; il avait renoncé à tous les biens de ce monde, et les avait repoussés loin de lui. Son vêtement consistait en un manteau court sans manches. Le sultan et les grands de l’État le visitaient, mais souvent il se dérobait à leurs visites. Le sultan désira lui constituer en fief des villages, avec le revenu desquels il pût donner à manger aux pauvres et aux étrangers ; mais il refusa. Dans une des visites qu’il lui fit, l’empereur lui apporta dix mille dinars, qu’il n’accepta pas. On raconte qu’il ne rompt le jeûne qu’au bout de trois jours ; qu’on lui fit des représentations à ce sujet, et qu’il répondit : « Je ne romprai le jeune que quand j’y serai forcé par une mort imminente. »

4° L’imâm pieux, savant, dévot, tempérant, humble, la