vende pour une nuit. Il ne resta pas dans tout le camp un seul animal qui n’eût reçu sa part de l’hospitalité du cheïkh.
On raconte que c’était un homme de plaisir et fort adonné à la boisson. Il avait environ soixante camarades de débauche, qui avaient coutume de se réunir chaque jour dans la demeure de l’un d’eux. Le tour de chacun revenait donc au bout de deux mois. Ils persévérèrent quelque temps dans cette conduite. Enfin, un jour, le tour du cheïkh Chihâb eddîn arriva. Mais la nuit même qui précéda ce jour (littér. « la nuit du tour » ; la journée des musulmans commence au coucher du soleil), il résolut de faire pénitence et de se réconcilier avec Dieu ; mais il se dit en lui-même : « Si je dis à mes compagnons, qu’avant qu’ils fussent réunis chez moi j’avais fait pénitence, ils penseront que c’est par impuissance de les traiter. » Il fit donc servir les choses que ses pareils