Mais revenons à notre sujet.
Nous partîmes de Hérât pour la ville de Djâm. C’est une ville de moyenne importance, mais jolie et possédant des jardins, des arbres, de nombreuses sources et des rivières. La plupart de ses arbres sont des mûriers, et la soie y abonde. On attribue la construction de cette ville au pieux et dévot Chihâb eddîn Ahmed aldjâm, dont nous raconterons l’histoire ci-après. Son petit-fils était le cheikh Ahmed, connu sous le nom de Zâdeh (fils, en persan), qui fut tué par le roi de l’Inde, et aux enfants duquel Djâm appartient actuellement ; car cette cité est indépendante de l’autorité du sultan, et ces individus y jouissent d’une grande opulence. Quelqu’un en qui j’ai confiance m’a raconté que le sultan Abou Sa’îd, roi de l’Irak, ayant fait un voyage dans le Khorâçân, campa près de cette ville, où se trouvait l’ermitage du cheïkh. Celui-ci lui donna un festin magnifique ; il distribua à chaque tente du camp royal un mouton, donna un mouton par quatre hommes, et fournit à chaque bête employée dans le camp, cheval, mulet ou âne, sa pro-