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voulut aller trouver le roi de l’Irâk ; mais auparavant, il fit arrêter Abou Isbâk, fils de Mohammed chah Indjoû, ses deux frères Rocn eddin et Maç’oùd bec, et sa mère Thâch khatoûn, et prétendit les emmener dans l’Irâk, afin qu’on les forçât de livrer les richesses de leur père. Lorsqu’ils furent arrivés au milieu du marché de Chîrâz, Thâch khàtoûn releva le voile dont elle s’était couvert le visage, de peur qu’on ne la vît dans cet état, car c’est d’ailleurs la coutume des femmes turques de ne pas se couvrir la figure. Elle appela à son aide les habitants de Chîrâz, et leur dit : « Est-ce que je serai ainsi enlevée d’au milieu de vous, ô citoyens de Chiràz, moi, qui suis une telle, femme d’un tel ? » Un charpentier, nommé Pehléwàn Mahmoud, que j’ai vu dans le marché de Chîrâz, lors de mon arrivée en cette ville, se leva et dit : « Nous ne la laisserons pas sortir de notre ville, et nous n’y consentirons pas. » Les habitants l’imitèrent dans ses discours. La populace excita du tumulte, prit les armes et tua beaucoup de soldats ; puis elle pilla les produits des tributs, et délivra la princesse et ses enfants.