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à l’angle opposé, puis je regardai les assistants ; ils tenaient tous leurs regards fixés sur moi, ce dont je lus étonné. Je vis les fakîhs, les cheikhs et les chérîfs adossés contre le mur, sous l’estrade. Un des kâdhis me fit signe de descendre à son côté. Je ne le fis pas ; mais je soupçonnai alors que mon voisin était le sultan.

Au bout d’une heure, le cheïkh des cheïkhs, Noûr eddîn Alkermâny, dont j’ai fait mention ci-dessus, arriva, monta sur l’estrade et salua cet homme. Celui-ci se leva à son approche ; le cheikh s’assit entre lui et moi, et je sus alors que c’était le sultan. On apporta ensuite la bière entre des citronniers, des limoniers, des orangers, dont les rameaux étaient tout couverts de fruits. Les arbres étaient portés dans le cortège ; la bière marchait ainsi, comme au milieu d’un verger, précédée de lanternes et de bougies, fixées à de longues lances. On fit la prière sur elle ; puis les assistants l’accompagnèrent au lieu de la sépulture des rois, situé