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l’une placée à l’extrémité supérieure du michwer, et l’autre à son extrémité inférieure. Ces deux troupes s’avançaient l’une vers l’autre, chaque individu frappant sa poitrine avec ses mains et s’écriant (en persan) : Khondcârima, dont le sens est « mon seigneur ! » Je vis en cette circonstance quelque chose d’affreux, et un spectacle honteux, tel que je n’en ai pas vu de semblable.


ANECDOTE.

Parmi les aventures surprenantes, est celle qui m’arriva ce jour-là. J’entrai dans la salle, et je vis les kâdhis, les khatibs et les chérîfs appuyés contre les murs du michwer, qui était tout à fait plein. Les uns pleuraient, les autres faisaient semblant de pleurer, et quelques-uns tenaient leurs yeux fixés sur la terre. Ils avaient tous revêtu, par-dessus leurs habits, des vêtements de coton grossier et non blanchi ; ces derniers n’étaient pas convenablement cousus ; leur envers était tourné à l’extérieur, et l’endroit, du côté de la peau. Sur la tête de chacun des assistants était un morceau de khirkah (froc de derviche) ou un voile noir. Telle est