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mes compagnons ne connaissent ni la musique ni la danse. » Nous fîmes des vœux en faveur du sultan et de son fils, et je partageai les dirhems entre les fakîrs. Lorsque la moitié de la nuit fut écoulée, nous entendîmes des cris et des lamentations, car le susdit malade était mort.

Le lendemain matin, le cheïkh de l’ermitage et quelques habitants de la ville entrèrent dans ma chambre, et me dirent : « Les grands de la ville, kâdhis, fakîhs, chérifs et émirs, se sont rendus au palais du sultan, pour lui adresser des compliments de condoléance, et il convient que tu y ailles dans leur compagnie ». Je refusai de faire cela ; mais ils me pressèrent, et je ne pus me dispenser de partir. Je me mis donc en marche avec eux. Je trouvai le michwer (salle d’audience) du palais du sultan rempli d’hommes et d’enfants, soit esclaves, soit fils de princes, vizirs et soldats. Tous avaient revêtu des tapis grossiers de diverses couleurs, des housses de chevaux, et avaient couvert leur tête de poussière et de paille. Quelques-uns avaient même coupé leurs cheveux sur le devant de la tête, lia étaient partagés en deux troupes :