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à prier ; je m’assis à son côté, et il abrégea sa prière. Quand il eut terminé, il me prit par la main et me dit : « Que Dieu te fasse obtenir ton désir dans ce monde et dans l’autre ! » J’ai déjà obtenu, grâces au Ciel, ce que je désirais ici-bas, qui était de parcourir la terre, et j’ai atteint, en cela, ce que nul autre n’a atteint, du moins à ma connaissance. Reste l’autre vie : mais l’espoir est grand dans la miséricorde de Dieu, dans son pardon, et dans la réalisation des vœux formés pour l’entrée dans le paradis.

Quand j’eus rejoint mes compagnons, je les instruisis de ce qui s’était passé avec ce personnage, et je leur indiquai le lieu où il était. Ils s’en allèrent vers lui, mais ne le trouvèrent point, et ne purent en avoir la moindre nouvelle ; ils furent très-étonnés de sa conduite. Nous retournâmes au soir à la zâouïah, et nous y passâmes la nuit. Un des quatre religieux entra chez nous, après la dernière prière du soir ; il avait l’habitude d’aller à Abbâdân tous les soirs, pour allumer les lampes dans les mosquées, et revenait ensuite à sa zâouïah. Il avait rencontré ce soir-là,