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cateur et aux jurisconsultes, ils retournèrent aussi leurs habits, mais ils ne découvrirent pas leur tête, seulement ils y mirent des mouchoirs de laine noire, en place de turbans. On servit des aliments aux pauvres pendant quarante jours, car telle est la durée du deuil chez ces peuples.

Nous séjournâmes à Sinope environ quarante jours, attendant une occasion favorable de nous rendre par mer à la ville de Kiram. Nous louâmes un vaisseau appartenant à des Grecs, et nous attendîmes encore onze jours, dans l’espoir d’un vent favorable, après quoi nous nous embarquâmes. Au bout de trois jours, lorsque nous nous trouvions déjà parvenus au milieu de la mer (Noire), celle-ci devint très-agitée ; notre situation fut pénible et nous vîmes la mort de très-près. Je me trouvai dans la cabine du vaisseau en compagnie d’un habitant du Maghreb, qui s’appelait Abou Becr. Je lui ordonnai de monter sur le tillac du navire, afin d’examiner l’état de la mer. Il obéit, vint me rejoindre dans la cabine et me dit : « Je vous recommande