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réjouissent beaucoup. Bien qu’ils soient Arabes, ils ne parlent point un langage correct. Après chaque phrase qu’ils prononcent, ils ont l’habitude d’ajouter la particule non. Ils disent par exemple : « Tu manges, non ; tu marches, non ; tu fais telle chose, non. » La plupart sont schismatiques, mais ils ne peuvent point pratiquer ostensiblement leur croyance, car ils sont sous l’autorité du sultan Kothb eddin Temehten (Tchemten), roi de Hormouz, qui fait partie de la communion orthodoxe.

Près de Kalhât se voit le bourg de Thîby. Ce nom se prononce comme le mot thîb, lorsque celui qui parle le met en rapport d’annexion avec lui-même (ce qui fait thîby, « mon parfum », etc.). C’est un des plus jolis bourgs et des plus admirables par sa beauté ; il possède des canaux dont le cours est rapide, des arbres verdoyants, des vergers nombreux, et l’on en exporte des fruits à Kalhât. Il fournit une sorte de banane appelée almorouârîd, c’est-à-dire, en persan, « perles », et qui y est très-abondante. On en exporte aussi à Hormouz et ailleurs. On y voit encore du bétel, mais ses