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d’un exemple d’alliances de ce genre. C’est ainsi qu’en l’année 1266, Abâka, khân des Mongols de la Perse, épousa une fille naturelle de Michel Paléologue, nommée Marie, laquelle avait auparavant été promise à Houlagou, père d’Abâka[1]. Dans l’année 1304 l’empereur Andronic Paléologue, le vieux, offrit à Ghàzân la main d’une jeune princesse, qui passait à Constantinople pour sa fille naturelle[2], espérant par là se faire de ce prince un appui contre les Turcs de l’Asie Mineure. Il y a plus : Marie, sœur germaine du même empereur, fut mariée, dans l’année 1308, à Mohammed Khodhâbendeh, frère et successeur de Ghàzàn ; et cette princesse fut appelée, chez les Mongols, Tespina (de despoina, maîtresse) Khâtoùn, et reçut le yort ou apanage qu’avait eu la précédente Tespina, épouse d’Abâka[3]. Une autre Marie, fille naturelle d’Andronic, épousa peu de temps après Toghtagou ou Toùktâ, khân des Mongols du Kiptchak et prédécesseur d’Uzbec khân[4].

D’après le continuateur de Lebeau « les empereurs s’étoient mis dans l’usage d’élever dans leurs palais de jeunes filles distinguées par leur beauté, mais pour la plupart d’une naissance obscure. C’étoit, pour ainsi dire, de cet arsenal que ces princes tiroient les armes dont ils se servoient avec le plus de succès contre les Tartares. Quelques-unes de ces filles offertes en mariage à leurs chefs, qui les prenoient toutes pour des princesses, deve-

  1. D’Ohsson, Histoire des Mongols, t. III, p. 417, 418.
  2. Id. Ibid. t. IV, p. 315.
  3. Id. Ibid. p. 536.
  4. Voyez encore, sur ces divers mariages, Hamaker, Réflexions critiques sur quelques points contestés de l’histoire orientale, p. 18-20 ; le même, apud Uylenbroëk, Iracœ persicœ Descriptio, p. 80, note.