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ANECDOTE.

Lorsque nous prîmes la mer, le cherîf Mansoûr ordonna à un de ses esclaves de lui apporter une ’adïlah (mesure, ou sac) de farine, c’est-à-dire la moitié d’une charge, ainsi qu’un pot de beurre, à enlever l’un et l’autre des navires des gens du Yaman. Il le fit, et apporta ces objets au cherif. Les marchands vinrent à moi tout en pleurs ; ils me dirent que dans le milieu de l’adilah il y avait dix mille dirhems en argent, et me prièrent de demander à Mansoûr sa restitution, et qu’il en prît une autre en échange. J’allai le trouver et lui parlai à ce sujet, en lui disant que, dans le centre de cette ’adilah, il y avait quelque chose appartenant aux marchands. Il répondit : « Si c’est du vin (sacar), je ne le leur rendrai pas ; mais si c’est autre chose, ce sera pour eux. » On l’ouvrit, et l’on trouva les pièces d’argent, que Mansoûr leur rendit. Il me dit alors : « Si c’eût été ’Adjlàn, il ne les aurait point rendues. » Celui-ci est le fils de son frère Romaïthah ; il était entré peu de jours auparavant dans la maison d’un marchand de Damas, qui se rendait