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prière et le salut !) J’étais seul, sans compagnon avec qui je pusse vivre familièrement, sans caravane dont je pusse faire partie ; mais j’étais poussé par un esprit ferme dans ses résolutions, et le désir de visiter ces illustres sanctuaires était caché dans mon sein. Je me déterminai donc à me séparer de mes amis des deux sexes, et j’abandonnai ma demeure comme les oiseaux abandonnent leur nid. Mon père et ma mère étaient encore en vie. Je me résignai douloureusement à me séparer d’eux, et ce fut pour moi comme pour eux une cause de maladie. J’étais alors âgé de vingt deux ans.

Ibn Djozay raconte ce qui suit : « Abou Abd Allah m’a dit à Grenade qu’il était né à Tanger, le lundi, 17 de redjeb de l’année 708 (24 février 1304) ». Mais revenons au récit du voyageur.

Je me mis en route sous le règne du prince des croyants, du défenseur de la religion, qui combat dans la voie de Dieu, et dont la libéralité a fourni matière à des récits transmis par une tradition non interrompue ; les monuments de sa munificence jouissent d’une célébrité qu’attestent des