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nous fait sourire ; mais, quant à sa sincérité, elle nous paraît au-dessus de tout soupçon, et nous partageons pleinement, à cet égard, l’opinion de M. R. Dozy, qui appelle Ibn Batoutah « cet honnête voyageur[1] ».

Pour apprécier justement le degré de confiance que mérite Ibn Batoutah, il ne faut d’ailleurs pas perdre de vue les circonstances qui accompagnèrent la rédaction de ses voyages. Nous savons, par l’aveu d’Ibn Djozay, rédacteur de la relation d’Ibn Batoutah, que ce voyageur n’a pas mis lui-même par écrit l’ouvrage qui porte son nom ; mais qu’il se contenta de « dicter à un copiste la description des villes qu’il avait visitées, les anecdotes et les histoires qu’il pouvait se rappeler, etc. » D’après cela, nous devons nous attendre à rencontrer plus d’une inexactitude dans l’ouvrage du voyageur africain ; et c’est, en effet, ce qui a lieu, ainsi que {{MM.|Dulaurier[2] et Reinaud[3] ont déjà fait observer. De plus, à l’article de Bokhâra[4], Ibn Batoutah nous apprend qu’il fut dépouillé sur mer par les infidèles de l’Inde, et qu’il perdit, dans ce désastre, les notes qu’il avait recueillies à Bokhâra, et sans doute aussi celles qu’il avait mises par écrit dans ses précédents voyages. Cette circonstance nous explique pourquoi on ne rencontre pas plus d’indications itinéraires dans la relation d’Ibn Batoutah.

    dans la Perse et dans l’Asie centrale, traduits par M. Defrémery ; Paris, 1848, p. 25.

  1. Journal asiatique, t. II de 1850, p. 545. Cf. S. de Sacy, Journal des Savants, 1829, p. 477-478.
  2. Journal}} asiatique, août-septembre 1846, p. 217, et mars 1847, p. 253.
  3. Op. supr. land. p. clx.
  4. Voyages dans la Perse, etc., p. 111. Cf. M. Lee, Travels of ibn Batuta, p. 194.