Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grains et des dattes. Elle a pour habitants les Bodjàs. Les individus de ce peuple sont de couleur noire ; ils s’enveloppent le corps dans des couvertures jaunes, et lient sur leur tête des fichus dont chacun est large d’un doigt. Ils n’admettent pas les filles à hériter. Leur nourriture consiste en lait de chamelle ; ils montent des méhâri (dromadaires), qu’ils appellent assohb (pluriel de ashab, rouge mêlé de blanc). Le tiers de la ville appartient à Almélic annàcir, et les deux autres tiers au roi des Bodjàs, qui porte le nom d’Alhadraby. Il y a dans Aïdhàb une mosquée dont la construction est attribuée à Alkasthallâny. C’est un édifice célèbre par son caractère de sainteté ; je l’ai visité et en ai ressenti la bienfaisante influence. A Aïdhàb habitent le pieux cheïkh Moùca et le vénérable cheïkh Mohammed almarrâcochy, qui se prétend le fils d’Almortadha, roi de Maroc, et se dit âgé de quatre-vingt-quinze ans.

Lorsque nous fûmes arrivés à Aïdhâb, nous vîmes que Alhadraby, sultan des Bodjâs, faisait la guerre aux Turcs